Après la marche de Mélenchon et du Front de Gauche à la Bastille.

Publié le par FL

C’est un succès incontestable. Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont été rassemblées par le Front de gauche lors de cette manifestation. C’est positif. A cette occasion, s’est exprimé le sentiment d’une partie du peuple de gauche, non seulement contre la droite mais en défiance de la politique social-libérale. Le rejet d’un gouvernement « Hollandréou », et au-delà la remobilisation de milliers de militants va dans le bon sens.


C’est un fait politique majeur, la relance d’un courant réformiste de masse dans le pays. Courant qui s’appuie sur la remobilisation du PCF mais aussi sur de nouvelles forces politiques, comme le PG, et au-delà, sur la sympathie de dizaines de milliers de syndicalistes ou d’électeurs de gauche pour Mélenchon. Cette place du Front de Gauche résulte d’une situation, où après une série de défaites sociales, l’aspiration et l’illusion que « ce qui est bloqué par la lutte peut se débloquer par l’élection » connaissent un nouveau regain. Elle est, de plus, encouragée par la « bonne campagne » de Mélenchon et les faiblesses de la campagne de Hollande, qui, inscrivant sa politique dans celle de l’Union européenne, n’apparaît pas comme une alternative à Sarkozy.

Au-delà de la politique de la direction du Front de gauche, il y a une dynamique réelle de mobilisation qui doit être pris en compte pour notre intervention.

Cela doit nous conduire à une politique de dialogue avec les militants du Front de Gauche, ses sympathisants et les électeurs de Mélenchon.


Nous partageons nombre d’objectifs et de combats en commun, pour les droits démocratiques et sociaux, pour le soutien à une série de luttes sociales, pour la solidarité avec les peuples qui luttent, dans le monde, pour la démocratie et la justice sociale. Nous sommes d’accord pour dire que les fermetures d’usines à Florange, à Petroplus, à Citroën Aulnay, ou dans d’autres entreprises sont insupportables. Le succès actuel du FdG doit être utile à tous. L’unité doit se construire dès maintenant pour aider à s’en sortir sans attendre les élections. C’est le sens de la proposition unitaire que le NPA a faite, pour une grande marche pour l’emploi, faire converger ces différentes résistances, œuvrer ainsi à changer le rapport de force. C’est aussi dans ce même sens que le NPA participe à la campagne unitaire pour un audit citoyen de la dette. Le FdG a été capable de rassembler ses militants pour une VI République. Mais l’urgence sociale exige aussi que nous mettions la même énergie à empêcher tout de suite, sans attendre les licenciements dans ces entreprises et dans bien d’autres.


Donc, unité et action commune, mais aussi dialogue avec le Front de Gauche sur les perspectives d’ensemble pour s’opposer aux politiques d’austérité, sur le programme d’une rupture avec le capitalisme libéral. Ce sont sur ces questions qu’il y a des différences entre le NPA et le Front de gauche.

1) Sur la question du gouvernement, JLM, déclare « qu’il ne participera qu’à un gouvernement qu’il dirigera ». Au-delà de la formule ronflante, nous en prenons acte. Le PCF, principale force du Front de Gauche, lui, laisse la question ouverte, et presse Hollande «de tenir compte du Front de Gauche ».. Les positions ne sont pas plus claires sur la question de la construction d’une majorité parlementaire avec le Parti socialiste, où là encore, Mélenchon et le PCF laissent la question sans réponses. . Que feront les députés du FdG quand il faudra voter le budget du gouvernement de Hollande ? Ce que les conseillers régionaux du FdG font déjà dans presque toutes les régions, en s’alignant sur le PS ?

Nous pensons qu’il faut clarifier cette question. Il est clair qu’il faut dégager Sarkozy, mais sans faire confiance à Hollande. Dans toute l’Europe, les gouvernements socialistes ont appliqué les plans d’austérité. Hollande ne fera pas mieux, nous le savons les uns et les autres. Ne devons pas alors dire clairement, que nous refuserons l’austérité de droite comme l’austérité de gauche et préparer une opposition de gauche unitaire à un gouvernement Hollande ? C’est la proposition du NPA au Front de Gauche, à LO, et à toutes forces anti-austérité sociales et politiques.

2) Nous partageons une série de revendications sur l’emploi, les salaires et les services publics, mais nous ne pensons pas qu’on puisse satisfaire ces besoins sociaux en ne s’attaquant pas aux pouvoir des capitalistes. Nous ne comprenons pas que JLM dise que « les investisseurs n’ont aucune raison d’avoir peur de mon programme ». En fait, le Front de Gauche tend à réduire ses perspectives socio-économiques, à la dénonciation de la finance. Le FDG propose de faire coexister un pole public et un secteur bancaire qui gardera son hégémonie. C’est insuffisant : on ne peut juguler le pouvoir des banquiers si on n’exproprie pas toutes les banques et si on ne les unifie pas dans un secteur bancaire public. Le NPA, avec d’autres forces, défend l’annulation de la dette, JLM lui, propose un remboursement de cette dette sur plusieurs années.. en équilibrant les sacrifices entre les capitalistes et les classes populaires. Là encore, il faut être conséquent si nous participons à une campagne pour un audit citoyen, c’est pour préparer le terrain à l’annulation de la dette pas à son remboursement progressif. Au-delà de telle ou telle revendication, la direction du Front de Gauche tente de contourner une confrontation nécessaire avec les capitalistes. Nous pensons, nous au contraire, que pour mettre en œuvre une nouvelle répartition des richesses en faveur des classes capitalistes, il faut réorganiser toute l’économie en substituant à la logique du profit capitalise celle des besoins sociaux.

3) Le front de gauche ne revendique pas la sortie du nucléaire, mais « un débat public national immédiat sur la politique énergétique en France » se terminant par un référendum pour permettre la remise à plat des choix énergétiques et du nucléaire et préparer l’alternative aux énergies fossiles. C'est un désaccord important : nous serons seuls à défendre la perspective de la sortie du nucléaire en 10 ans durant la campagne, car EE Les verts a préféré un accord avec le PS plutôt que la bataille intransigeante contre le nucléaire. Ce qui montre que lorsqu’on veut quelque chose, ce n’est pas en négociant avec le PS, mais en mobilisant contre sa politique !

4) Enfin, nous ne pensons pas que des réponses progressistes à la crise actuelle passent par la défense d’un protectionnisme national ou européen. Le protectionnisme en système capitaliste ne peut défendre que les intérêts capitalistes dominants, nationaux ou européens. De ce point de vue, nous ne pouvons suivre les déclarations de JLM sur la défense des intérêts de la France, comme son coup de chapeau aux « avions rafales « de Marcel Dassault, parce ces derniers incarneraient l’industrie française. Face à la crise, il faut une réponse coordonnée, une réponse internationaliste qui tirent, vers le haut, les droits sociaux et humains, à l’échelle européenne et internationale.


Comme on le voit, nous avons des différences politiques. Nous ne disons pas les mêmes choses dans cette campagne, et nous pensons, aujourd’hui comme demain, il faut affirmer un pôle anticapitaliste indépendant, mais une fois de plus, ces divergences ne doivent pas empêcher l’action commune et le dialogue fraternel. Nous nous retrouvons cote à cote, dans les entreprises, dans nombre de collectifs, dans des luttes communes .Il faut que ces luttes s’accompagnent, maintenant, d’une vaste bataille contre l’austérité de droite mais aussi l’austérité de gauche. Le NPA y est prêt. Tout en menant à fond la campagne de Philippe Poutou, il doit renforcer sa politique et ses propositions unitaires.

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