Succès de la grève générale en Espagne

Publié le par JV

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Photo volée sur le site de Diagonal

 

Une information qui n'a pas passé les Pyrénées... (ou alors très discrètement)

Les deux principales confédérations syndicales Comisiones obreras (CC. OO.) et la Union general de trabajadores (UGT) ont appelé aujourd'hui à une grève nationale. Il s'agit de la première contre le plan d'ajustement du gouvernement socialiste de Zapatero. Ce plan est la pire attaque contre les travailleurs espagnols depuis l'époque franquiste, surtout aujourd'hui, où le chômage s'élève jusqu'à 20% de la population active, c'est à dire à 4,6 millions personnes, et ne cesse de progresser. Entre les mesures du « paquetazo » on trouve une baisse de 5% des salaires des fonctionnaires, le gel des pensions et une contre-réforme du code tu travail qui vise à faciliter les licenciement et les baisses de salaire.

Jusqu'à présent la CC. OO. et la UGT avaient maintenu un scandaleux pacte social avec le gouvernement. Pourtant, la magnitude des attaques a forcé les directions syndicales traîtres (Candido Méndez, dirigeant de l'UGT faisait des véritables tertuliasavec Zapatero) à appeler à une journée de mobilisation pour le 29 septembre, avec le faible mot d'ordre « pas comme ça » (asi, no).

La journée d'action a en réalité commencé la veille, avec la grève et les piquets des tours de nuit dans certaines usines, comme Seat et Citroën ou chez les travailleurs de nettoyage municipal. Puis, depuis très tôt le matin des piquets de grève étaient organisés à la sortie des terminus des bus de la TMB à Barcelona o la EMT à Madrid , aux portes des ports, des marchés et à l'entrée des usines. Le gouvernement a alors imposé une loi de service minimum, existante depuis l'époque franquiste, ce qui a affecté bien évidemment la grève. Cependant, on pouvait entendre des piquets qui criaient « esquirol! » (jaune!) aux briseurs de grève. On note que à Vigo, à l'usine de Citroën, la police escortait les briseurs de grève. Dans cette situation il y a eu deux grévistes (à Barcelone et à Madrid) blessés par des camions de briseurs de grève qui sortaient à toute vitesse pour éviter les piquets.

Plus tard, à la Plaça Universitat à Barcelone il y a eu des affrontements, à l'extérieur des manifestations « officielles » entre des jeunes et la police.

Le bilan de la grève montre qu'il s'agit d'une mobilisation très forte. L'UGT et CC. OO. calculent autour de 10 millions de grévistes, avec un suivi de 70%. Dans les transports, les syndicats annoncent 83%, contre 20% du gouvernement, qui dit que le service minimum a été accompli à 99%. Dans la construction les syndicats annoncent 70%, le gouvernement 10%. Dans l'alimentation les syndicats parlent de 80%, avec certaines usines comme Danone, Panrico, Arias et Damm qui ont arrivé jusqu'à 90%. Les piquets de grève ont bloqué l'accès aux marchés de gros, quelques fois avec des pneus en flames, où le suivi de la grève a atteint 90% selon les syndicats. Les éboueurs ont commencé la grève la nuit d'avant, où selon l'UGT la grève a été suivie à un 92%. Dans l'énergie, la grève est forte de 65%, il faut noter que la consommation d'électricité a baissé de 18,8%. Dans la métallurgie, les syndicats annoncent 74%, alors que la patronale annonce 50%. dans l'enseignement, 60% des enseignants du premier degré ont fait grève et 78% du supérieur. Chez La poste le chiffre s'élève à 79%. Et enfin, dans les 17 usines d'automobiles en Espagne la production s'est complètement arrêtée, avec une présence généralisée de piquets de grève.

Si on lit la presse bourgeoise, le bilan es plutôt modéré, alors que les syndicats parlent de « succès démocratique » (exito democratico). El Mundodit « L'Espagne ne s'est pas paralysée » (España no paro), El Paisaffirme que la grève a été « modérée » ou « inégale ». Or, il faut prendre en compte un secteur que El Mundoou El Paislaissent un peu de côté, il s'agit du secteur industriel, très fortement mobilisé ce 29 septembre. Dans des usines comme Renault, Citroën, Nissan, Ford, Peugeot, GM, Seat, Volkswagen, Mercedes e Iveco-Pegaso, la grève a été très suivie, autour s'un 75%. Elle a même été suivie à 100% à la « Fábrica Nacional de Moneda y Timbre » (où on fabrique les monaies et les billets) à Madrid et Burgos, dans les usines de produits laitiers, à la raffinerie de Castellon et dans le tour de nuit de Repsol. En Andalousie, la pêche a complètement arrêté.

Les syndicats en Catalogne affirment même que l'industrie dans la région a été arrêtée presque à 100%. La consommation d'électricité a baissé de 25% pendant la journée. Les usines de Seat, Nissan, Alstom, Ercros, Pirelli, Delphi, Sony et Yamaha ont complètement arrêté leurs activités selon CC. OO. Dans la Zone industrielle entre Santa Perpètua de Mogoda et Mollet del Vallès, où travaillent près de 5000 ouvriers, la grève a été suivie à 100%.

La répression a été forte aussi, il y a autour de 100 gardes à vue dans tout le pays.

Le gouvernement, de son côté « valorise et reconnaît la responsabilité [des syndicats] avec laquelle est menée la grève ». L'UGT et CC. OO. Annoncent qu'ils sont disposés à négocier seulement si 'il y a une décision du gouvernement de « corriger ses erreurs ».

Il est très important qu'on suive les évènements en Espagne, du fait qu'il s'agit d'un pays d'un poids supérieur à celui de la Grèce et aussi parce que c'est notre voisin. La grève a été plus forte que ce qu'attendait la bourgeoisie, qui a mené une véritable campagne contre cette grève dans les semaines qui ont précédé dans tous les médias. L'hostilité de la droite a battu son plein ces derniers jours. Pour cette raison, elle n'a pas eu la sympathie de la classe moyenne, comme cela peut être souvent le cas en France.

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<br /> Pour le retrait du projet de loi sur les retraites et pour nos revendications Syndicalistes pour la grève générale<br /> <br /> Syndicats de la CGT, de la FSU, de Solidaires, de la CNT, de la CDMT, de la CTU, du STC, …<br /> Ensemble, nous construisons la grève générale pour le retrait du projet de loi sur les retraites !<br /> Ensemble, pour un syndicalisme de lutte plus fort et plus efficace.<br /> <br /> Le projet de loi sur les retraites est encore une preuve que la lutte des classes existe, et que la classe sociale qui n’est pas la nôtre la mène activement. Les annonces catastrophistes à coup de<br /> milliards qui manqueraient pour nos retraites ont pour seul but de masquer la réalité : patrons et gouvernement veulent nous faire travailler plus longtemps et nous payer moins, pour dégager encore<br /> plus de profits sur notre travail.<br /> <br /> Pourtant, de l’argent il y en a … dans les poches du patronat et des actionnaires.<br /> Sur seulement 3 ans, de 2007 à 2009 (année de crise !), les entreprises françaises du CAC 40 ont fait 212 milliards de bénéfice. En 2009, ces mêmes entreprises ont distribué 39 milliards d’euros à<br /> leurs actionnaires. Les « niches fiscales » réservées aux 1% les plus riches représentent 3 milliards par an, les cadeaux au patronat sous forme d’exonérations de charges sociales, 15 milliards<br /> chaque année.<br /> Largement plus que les sommes, parfois fantaisistes, qu’on nous dit nécessaires dans 40 ans !<br /> <br /> <br />  Avant la fin du travail des enfants, les patrons expliquaient « ce n’est pas supportable économiquement, on ne peut pas ! ».<br />  Avant la journée de 8 heures, les patrons expliquaient « ce n’est pas supportable économiquement, on ne peut pas ! ».<br />  Avant les 40 heures, les patrons expliquaient « ce n’est pas supportable économiquement, on ne peut pas ! ».<br />  Avant les 35 heures, les patrons expliquaient « ce n’est pas supportable économiquement, on ne peut pas ! ».<br />  Avant la retraite à 65 ans, les patrons expliquaient « ce n’est pas supportable économiquement, on ne peut pas ! ».<br />  Avant la retraite à 60 ans, les patrons expliquaient « ce n’est pas supportable économiquement, on ne peut pas ! ».<br /> Aujourd’hui, c’est pareil ! Mais le rapport de forces entre classes sociales étant ce qu’il est, gouvernement et patrons ne luttent plus contre la réduction du temps de travail mais pour le<br /> rallonger.<br /> <br /> 2 ans de plus pour avoir droit à la retraite, c’est comme nous reprendre 24 années de congés payés, comme s’il fallait les rembourser avant de partir en retraite !<br /> <br /> Il faut arrêter ça ! Retrait du projet de loi, annulation des contre-réformes des retraites qui se succèdent depuis 1993, prise en compte des revendications syndicales sur les travaux pénibles et<br /> dangereux, l’égalité professionnelle entre femmes et hommes, etc. Soyons à l’offensive ! Nous sommes légitimes à vouloir récupérer le fruit de notre travail, à vouloir en décider l’utilisation pour<br /> le bien être collectif.<br /> <br /> Les journées de grève et manifestations interprofessionnelles de ces derniers mois, et aussi plusieurs luttes sectorielles, confirment que les travailleurs et travailleuses veulent se battre.<br /> L’expérience montre que face à des enjeux comme le projet de loi sur les retraites ou pour obtenir satisfaction sur nos revendications, la répétition de journées isolées ne permet pas de<br /> gagner.<br /> <br /> En 2009, la grève générale a débouché sur des acquis en Guadeloupe et en Martinique.<br /> En France, la même année, les journées d’action de janvier, mars, avril, mai n’ont rien donné et se sont terminées par une mobilisation affaiblie en juin. Tirons le bilan de nos expériences, ne<br /> recommençons pas la même chose en 2010. Mars, mai, juin, septembre, nous étions des millions dans la rue ; cela crée un rapport de forces, mais il faut maintenant l’utiliser, assumer l’affrontement<br /> social … c’est ce qui nous permettra de gagner.<br /> <br /> Nos collectifs syndicaux CGT, FSU, Solidaires, CNT, CDMT, CTU, STC déclarent travailler ensemble à construire un mouvement d’ampleur, la grève générale pour le retrait de ce projet de loi sur les<br /> retraites et pour la satisfaction de nos revendications !<br /> <br /> Au-delà de cet important enjeu, nos sections syndicales, syndicats, unions interprofessionnelles, fédérations, réfléchissent ensemble aux moyens à mettre en œuvre pour renforcer le syndicalisme de<br /> lutte : réunissons-nous à la base, dans les entreprises, les services, les villes … opposons-nous solidairement aux méfaits du patronat … échangeons sur nos pratiques … travaillons ensemble nos<br /> revendications … dégageons des axes revendicatifs précis et unifiants … faisons connaître les luttes …<br /> Maintenant, il faut agir !<br /> <br /> C’est au nom de « la crise » que gouvernement et patronat veulent nous imposer de nombreux reculs sociaux. Le projet de loi sur les retraites est l’attaque frontale et générale ; mais l’offensive<br /> patronale se traduit aussi par les licenciements, la précarité, les salaires bloqués, des conditions de travail exécrables, etc.<br /> <br /> Mais cette crise, c’est celle de leur système économique : le capitalisme qui repose sur l’exploitation de la grande majorité (salarié-e-s en activité, au chômage, en retraite, en formation) par<br /> une minorité (patrons et actionnaires).Cette crise, c’est celle de leur système politique. Celui des services rendus contre quelques légions d’honneur, celui des conseils aux milliardaires pour se<br /> soustraire à la loi pendant qu’est prônée la « tolérance zéro » contre la délinquance, celui qui nie le droit à l’autodétermination des peuples, qui attise le racisme, les discriminations. Celui où<br /> la démocratie est remplacée par l’élection de politicien-ne-s professionnel-le-s qui considèrent n’avoir aucun compte à rendre de leur mandat.<br /> <br /> Patronat, banques, institutions internationales (FMI, Banque mondiale, …) sont autant de relais du capitalisme engagé dans une offensive globale contre la classe ouvrière : destruction des services<br /> publics, gel ou baisse de salaires, démantèlement des garanties sociales, répression antisyndicale … les recettes du capitalisme sont internationales. Le syndicalisme doit aussi répondre à ce<br /> niveau, avec une détermination bien plus grande que cela ne se fait actuellement.<br /> <br /> Syndicalistes, nous pensons que c’est l’action directe et collective des travailleurs et des travailleuses qui fait changer les choses. Notre démarche n’est pas proclamatoire mais soucieuse de<br /> construire la grève générale nécessaire. Il ne s’agit pas d’exiger des structures syndicales nationales d’agir en dehors des mandats décidés dans le cadre de leur fonctionnement interne.<br /> <br /> Nous voulons :<br />  Rassembler, coordonner, les nombreux collectifs syndicaux de lutte. Pour cela nous appelons toutes les structures, tous les syndicalistes qui se reconnaissent dans cet appel à provoquer des<br /> réunions locales afin d’en faire l’outil d’un débat syndical renouvelé à la base.<br />  Unir nos efforts, entre sections syndicales, syndicats, unions interprofessionnelles, fédérations,<br />  Construire un réseau syndical utile à toutes celles et tous ceux qui veulent défendre et pratiquer un syndicalisme de lutte, un syndicalisme qui affirme que nos intérêts sont opposés à ceux de<br /> nos exploiteurs.<br />  Gagner sur les retraites !<br /> <br /> Syndicats de la CGT, de la FSU, de Solidaires, de la CNT, de la CDMT, de la CTU, du STC, …<br /> Ensemble, nous construisons la grève générale pour le retrait du projet de loi sur les retraites !<br /> Ensemble, pour un syndicalisme de lutte plus fort et plus efficace.<br /> <br /> Contact : www.syndicalistesunitaires.org / contact@syndicalistesunitaires.org<br /> <br /> <br />
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